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★★★☆☆ L'Appel du silence


Léon Poirier / 1935 / France


Avec : Jean Yonnel (le Père Charles de Foucauld), Pierre de Guingand (le général Laperrine), Alice Tissot (la notairesse), Jacqueline Francell (Mlle X., la danseuse), Suzanne Bianchetti (l’invitée chez la notairesse), Jeanne Marie-Laurent (Inès, la tante de Charles de Foucauld), Auguste Bovério (Oscar Mac Carthy, le conservateur), Thomy Bourdelle (le général d’Alger), André Nox (l’abbé Huvelin), Pierre Nay (le marquis de Morès), Fernand Francell (Aurélien Scholl), Alfred Pasquali (Triboulet, le chroniqueur du « Gil Blas »), Pierre Juvenet (le colonel), Georges Mihalesco [= Alexandre Mihalesco] (le rabbin Mardochée Abi Serour), Henry Defreyn, Jean Kolb (le docteur), Maurice de Canonge (le directeur), Victor Vina (le secrétaire du directeur), Maurice Schutz (le père trappiste), Émile Saint-Ober (un rédacteur), Pierre Athon (le lieutenant de Guissart), Mireille Monard (la pianiste), Marthe Sarbel (la colonelle), Titys (Cornelius Herz), Jean Buquet (Charles de Foucauld enfant), Jean Diener (le recteur), Paul Demange (un rédacteur), Marie-Jacqueline Chantal (une invitée), René Bergeron (n’apparaît pas dans les copies actuellement visibles), Pierre Darteuil (n’apparaît pas dans les copies actuellement visibles), Georges Cahuzac, Francia Séguy.


Financé par souscription populaire (le générique et le matériel publicitaire faisant état – patriotisme toute – de « 100.000 Français souscripteurs »), tourné entre la France, l’Algérie et le Maroc, L’Appel du silence (ex-Sables rouges) constitue le premier volet d’un diptyque consacré à Charles de Foucauld par son auteur, réalisateur et producteur, Léon Poirier. Sa sincérité, jamais suspecte, trouve un écho quasi parfait dans celle de ses deux têtes d’affiche, Jean Yonnel et Pierre de Guingand, l’un et l’autre d’une probité à toute épreuve. Mise en scène au carré, le meilleur étant à chercher – comme dans Btazza ou l’Épopée du Congo, quatre ans plus tard – du côté de séquences ethnographiques annonçant Jean Rouch, le moins bon (et parfois le plus ridicule) du côté des scènes les plus édifiantes. Était-il vraiment indispensable d’incruster à l’écran, au choix, le visage du Christ ou le slogan « sacrifice » s’étalant en toutes lettres ? Sans doute pas. De convoquer autant d’acteurs, connus ou moins connus, pour esquisser à la va-vite de simili-personnages se bornant, pour l’essentiel, à débiter deux ou trois répliques avant de quitter dans un seul et même mouvement et l’image et l’intrigue ? Pas davantage. Un peu plus gâtés que leurs partenaires, la vétérante Jeanne Marie-Laurent, l’impeccable Auguste Bovério et l’ultraprobe-ultraprobant Mihalesco bénéficient tous trois très jolis moments, là où Suzanne Bianchetti, portant déjà les stigmates de la maladie qui l’emportera, à quarante-sept ans, au mois d’octobre 1936, et, partant, quasi méconnaissable, effectue entre célérité et discrétion, son ultime tour de piste à l’écran. Bien moins grotesque qu’on ne l’a prétendu, ne se revendiquant par ailleurs à aucun moment d’un quelconque courant « colonialiste », L’Appel du silence reste une œuvre d’honnête facture, handicapée par un contraste permanent entre grandeur et anecdote, amphigouri et droiture. On pourra lui préférer à bon droit le magnifique Sœurs d’armes, mis en chantier un an et demi plus tard, ou l’insolite Brazza, tourné à la veille de la Seconde Guerre mondiale.


© Armel De Lorme / L’@ide-Mémoire, novembre 2019. Extrait de l'ouvrage à paraître Trésors du Cinéma français des Années Trente (Raretés, Rééditions & Restaurations). Toute reproduction même partielle interdite, sauf autorisation écrite des auteur et éditeur.


Photo : Jean Yonnel et Alexandre Mihalesco, D.R.

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