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★★★★★ Absences répétées


Guy Gilles / 1972 / France


1972. France. PR : François Reichenbach (Les Films du Prisme), Yves Robert [et Danièle Delorme] (Les Productions de La Guéville) & Alain Poiré (Gaumont International). PR DÉL : Jacques Portet. RÉ : Guy Gilles. SC, AD & DIAL : Guy Gilles. IM : Philippe Rousselot (Eastmancolor et N&B). CAD : Guy Gilles. ASS OP : Gérard Taverna. SON : Jean-Louis Ducarme & Henri Roux. BRUIT : Robert Pouret. MIX : Paul Bertaut. MUS : Jean-Pierre Stora. ÉD MUS : Éditions Paille Musique. CHAN : la chanson Absences répétées (Notre lit) est écrite et interprétée par Jeanne Moreau, et le petit Gabriel chante Le Noël de François. MONT : Hélène Viard. ASS MONT : Claude Reznik. COST : Danièle Delorme est habillée par Pierre Balmain, Patrick Penn est habillé par Renoma & Patrick Jouané est habillé par New-Man. MAQ : Gisèle Servais. ASS RÉ : Pascal Vidal & Stephan Iscovescu. SCR : Hélène Viard. RÉG GÉN : Serge Delanglade. AUTRES TECH : Michel Pont & Luc Épiais. DIR PR : Henri Dutrannoy. PR : Les Films du Prisme, Les Productions de La Guéville & Gaumont International. DIST : Gaumont Distribution. EXT : Paris & région parisienne. TIR : Laboratoire GTC. AUDI : Studios Paris-Cinéma. DÉB : 31/01/1972. PP : 01/11/1972. DUR : 82 mn. VISA : 39.602 (14/10/1991).


AVEC : Danièle Delorme (Catherine Naulet), Nathalie Delon (Sophie), Patrick Penn (François Naulet), Patrick Jouané [= Patrick Jouanné] (Guy), Yves Robert (M. Naulet), Thomas Andherssen (Pierrot), Corinne Le Poulain (Marie, la petite amie de Guy), Gérard Chevalier, Michèle Baker, Richard Berry (le collègue de François), Paula Valmont (la vieille femme), Max Montavon (Roger, l’hôte de la réception mondaine), Pierre Bertin (Georges, le vieil homosexuel), Gabriel Cattand (le policier en civil), Jacques Castelot (le directeur de l’agence bancaire), Claude Génia (Jeanne Larivière), Xavier Gélin (le jeune policier), Guy Gilles (le brun pensif), Sylvie Vartan (la jeune femme blonde), Jean-François Balmer (un serveur de buffet de la gare), Jean-Pierre Léaud (n’apparaît pas dans les copies actuellement visibles), avec la voix de Jeanne Moreau (la chanteuse).


Palmarès : Prix Jean-Vigo 1973.


Novembre. Renvoyé, pour cause d’absences répétées, de l’agence parisienne de la Société Générale où il faisait jusqu’alors semblant de travailler, François Naulet entre dans un lent processus d’isolement volontaire, auquel ni sa mère Catherine, ni ses amis Guy et Pierrot, ni Sophie, l’unique amour de sa vie, qui a fini par refaire sa vie sans lui, ne parviennent à l’arracher. Sombrant peu à peu dans les paradis artificiels, le jeune homme gagne vaille que vaille sa dose quotidienne en devenant dealer à son tour, ce qui lui permet notamment d’approcher Jeanne Larivière, ancienne gloire de l’écran qu’il admirait, enfin, et qui elle-même ne tient plus que grâce à la drogue et le sentiment illusoire qu’elle peut encore plaire à des jeunes en âge d’être ses grands fils...


1971-1972. Fraîchement quitté par Jeanne Moreau et se remettant moyennement bien d’une tentative de suicide suivie d’une hospitalisation, Guy Gilles se lance dans l’écriture de ce qui restera probablement, ex-æquo avec Le Clair de terre, tourné deux ans auparavant, sa plus belle œuvre de cinéma. Pas la plus aboutie formellement (de ce strict point de vue, on pourra lui préférer précisément son opus précédent), mais assurément la plus poignante, à l’image de l’interprétation par Moreau de la chanson ouvrant et fermant le film, écrite et composée par elle. Chronique au quotidien, âpre et sans appel, d’une lente dérive, due bien moins à la drogue elle-même qu’aux raisons profondes qui ont fait sombrer François/Patrick Penn dans les paradis artificiels, Absences répétées balaie un à un les thèmes récurrents chers à son auteur-réalisateur, sans jamais procurer le sentiment de redite. Paris nocturne aux allures de cauchemar éveillé, jeunes minets désabusés mais pas amers vivant plus ou moins bien de leurs charmes, pédés flapis prêts à raquer pour retrouver l’illusion d’une jeunesse envolée, vieilles gloires sur le retour (merveilleuse Claude Génia, filmée comme jamais), rien ne manque à l’appel, et surtout pas les prestations, belles, sensibles et justes dans tous les cas, d’actrices amoureusement photographiées. C’est peu dire que, l’espace de ce long-métrage déprimé aux allures de météore, Guy Gilles cinéaste aura magnifié Danièle Delorme – c’est peut-être, au reste, le seul film où, saisie par la caméra en plan rapproché, elle ne louche pas – et Nathalie Delon, plus furtivement Corinne Le Poulain ou Sylvie Vartan.


« Bien sûr, on peut avoir des préférences, mais une rencontre peut tout faire basculer. Il faut aimer un être en dehors de l’âge et du sexe et de toutes ces bêtises. Un homme ou une femme, vieux ou jeune, ça n’a aucune importance. L’important, c’est d’aimer. » En deux phrases et vingt secondes, Patrick Jouané, lui aussi épatant de sensibilité rentrée, dit ce que Zulawski mettra pas loin de deux heures à expliquer au spectateur quelques années plus tard. La concision a parfois du bon, et c’est bien de concision, d’ailleurs, dont il est question ici, jusqu’à l’enchaînement brut – le télescopage ? – des trois séquences finales, enquillées en l’espace de quatre minutes montre en main. Avant la reprise par Moreau, sur fond noir, d’une des plus belles chansons de cinéma jamais présentes sur la bande-son d’un film français.


© Armel De Lorme / L’@ide-Mémoire, 2016-2018. Version remaniée d'un texte original extrait de L'Encyclopédie des Longs-Métrages français 1929-1979 - Suppléments A~D # 1 (Armel De Lorme, L'@ide-Mémoire, 2016). Toute reproduction même partielle interdite, sauf autorisation écrite des auteur et éditeur.


Photo : Patrick Penn, Gaumont, D.R.

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