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★☆☆☆☆ La Moucharde


Guy Lefranc / 1958 / France

Avec : Dany Carrel, Pierre Vaneck, Yves Deniaud, Henri Crémieux, Albert Dinan, Georges Chamarat, Fernand Sardou, Noël Roquevert, Serge Sauvion, Jean Morel, André Weber, Yvonne Clech, Paul Crauchet, Sandrine, Florence Blot, Anne-Marie Coffinet, Pierre Vandenberghe [= Paul Vandenberghe ?], Camille Fournier, Annie Dulac, André Philippe [= André Philip], Valérie Vivin, Jean Francel, Marius David, Jean-Louis Bras, Pierre-Jacques Moncorbier, Pierre Duncan, Marcel Bernier, Lisa Jouvet, Paul Mercey, Maurice Chevit, Monique Vita, Gaston Meunier, Jacques Dhéry...


Tandis que son vieux père (Albert Dinan) croupit depuis des années sur la paille humide des cachots pour une sombre affaire de bijoux volés non élucidée, et que sa sœur aînée Lucienne (Yvonne Clech), gagne péniblement sa vie en tant qu’infirmière (ce dont l’intéressée se dit fort heureuse), la jolie Betty (Dany Carrel) parvient à faire le mur de la maison de redressement où elle attendait en rongeant son frein l’âge de sa majorité civile. Spontanément prise en charge par un brave bougre de camionneur, Maurice (Serge Sauvion), la jeune femme parvient à regagner Paris, où elle retrouve son petit ami, Frédéric (Pierre Vaneck), qui vivote tant bien que mal en qualité de journaliste du dimanche pigeant plus ou moins – et plutôt moins que plus – pour le compte d’une revue de charme. Contrainte par la force des choses de demeurer dans la clandestinité jusqu’au jour de son vingt-unième anniversaire, Betty, après avoir successivement refusé de poser seins à l'air pour le magazine qui emploie Frédéric et habilement délesté le gentil (beaucoup trop) Maurice de ses économies, se laisse persuader par un sympathique – ou pas – Méridional (Fernand Sardou) de devenir indicatrice de police. Ayant rapidement pris goût à l’argent facile, et du luxe qu’il procure, Frédéric et elle parviennent, à la faveur d’un cambriolage, à retrouver la trace des bijoux autrefois subtilisés à leur légitime propriétaire par le père de la jeune femme. Informé de la chose, l’ex-complice de ce dernier (Yves Deniaud), brocanteur de son état et rangé des voitures depuis une dizaine d’années, entre à son tour dans la danse afin de récupérer sa part de butin. Peu partageur par nature, Frédéric s’arrange pour provoquer son arrestation, avant de tomber lui-même sous les balles d’une de ses relations du Milieu, Jeannot (André Weber), qu’il a également essayé de doubler. Betty, à peine plus heureuse, reprendra comme prévu le chemin de la maison de redressement. Fin.


C’est peu dire que la divine Dany Carrel, formes généreuses et jeu nuancé, porte à bout de poitrine – estimation probable : 95 C – cette série B policière vite ronronnante, dont le ressort dramatique lâche passée la troisième ou la quatrième bobine. La faute à Guy Lefranc, conscient de tourner là le film de sa vie mais somme toute bien moins à l’aise dans le drame que dans la comédie ? À un scénario écrit à six mains (c’était probablement quatre de trop) et à des dialogues en contreplaqué signés André Tabet ? À une morale – résumable à « bien mal acquis ne profite jamais – censément trop édifiante ? Aux trois à la fois ? Reste une succession de numéros d’acteur absolument épatants, à deux très grosses réserves près : Pierre Vaneck – plus veule et inconsistant que son personnage ne l’exige : dommage, c’est à lui qu’incombe le premier rôle masculin – et Serge Sauvion, naviguant à vue, au gré des séquences, entre le meilleur et le pire. Dany Carrel, dont on ne dira jamais assez l’actrice ultraprobante qu’elle a été du milieu des années 1950 au dernier tiers de la décennie suivante, Yvonne Clech (étonnante dans l’émotion rentrée), Noël Roquevert (une fois de plus magistral) et Yves Deniaud (subtil et inquiétant) rivalisent dans l’irréprochable, Chamarat, Crémieux et Sardou endossent avec toute la probité requise les crapules souriantes, Florence Blot compose l’espace d’une séquence unique l’une des silhouettes les plus drolatiques de toute sa carrière cinématographique, la quasi débutante Anne-Marie Coffinet et la pulpeuse Sandrine – protégée historique de Joël Lifschutz, coproducteur du film – n’ont besoin que d’une scène chacune pour crever l’écran, mais la conjugaison des talents respectifs des un.e.s et des autres ne parvient jamais à faire décoller l’ensemble, où le moralisme ambiant le dispute en permanence à une psychologie de bazar absolument rédhibitoire. On le regrette un peu pour Dany Carrel, qui méritait autrement mieux que le systématisme éhonté dans laquelle la maintient – quels que soient ses mérites – cette œuvrette plaisante par moments, inutile dans sa globalité, prototype d’une Qualité française Fifties jetant ses derniers râles plus encore que ses derniers feux, d’ailleurs éteints depuis longtemps.


© Armel De Lorme / L’@ide-Mémoire, novembre 2018. Toute reproduction même partielle interdite, sauf autorisation écrite des auteur et éditeur.

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