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★★☆☆☆ La P'tite Dame du wagon-lit


Maurice Cammage / 1936 / France

Avec : Paul Pauley (Joseph Morillon), Roger Tréville (Roger Pompérac), Colette Darfeuil (Wanda Frisson), Germaine Roger (Simone Courbalin), Louis Florencie (l’oncle Camboulives), René Lestelly (Pedro Pétruña), Suzanne Dehelly (Eudoxie Courbalin), Milly Mathis (Clémence, la nourrice), Monette Dinay (Francine, la soubrette), Yvonne Yma (la voyageuse), Fred Adison (le chef d’orchestre), Renée Gardès (Mme Leputois, la concierge).


Adaptation plan-plan d’un vaudeville déjà un peu daté en 1936, La P’tite Dame du wagon-lit démarre sur un délicieux numéro de duettistes impeccablement exécuté par Roger Tréville et Colette Darfeuil, ronronne ensuite de façon ultra paresseuse cinquante minutes durant et ne trouve son rythme qu’au bout d’une heure dix ou une heure quinze, ce qui est un peu dommage au regard des licences offertes par un scénario raisonnablement déjanté. Maurice Cammage – qui rime avec « dommage » – laisse tourner la caméra devant ses interprètes, sûrs – à tort ou à raison – de leurs effets, et ne semble sortir de sa torpeur qu’une fois les personnages transportés dans un cabaret antillais à la mode, où les couples se font et se défont au rythme d’une sarabande menée – il était temps – tambour battant. Distribution très inégale, plombée par Pauley, qui en fait des tonnes, au propre comme au figuré, et ne quitte le mode « chargeurs réunis » que pour celui des « chargeurs associés ». Roger Tréville, très mal dirigé, s’en tient à ses acquits habituels (charme, prestance et sourire), là où Pierre Brasseur « première période » aurait, de toute évidence mieux fait l’affaire. Le meilleur est à chercher, chez les hommes, du côté de Louis Florencie (célérité et discrétion) et de René Lestelly, alternative ultraprobante à José Noguero. Germaine Roger, jolie, adroite et malicieuse et Colette Darfeuil, parfaitement à son aise dans son emploi-type de « vamp pour rire », Milly Mathis, Yvonne Yma et Renée Gardès relèvent le niveau de plusieurs crans, là où Monette Dinay se borne à jouer, de façon prévisible, les soubrettes de convention. Une fois de plus, c’est Suzanne Dehelly qui rafle tout, irrésistible en vieux sergent-major à pince-nez (un pied chez Pauline Carton, l’autre chez Jeanne Fusier-Gir), génialissime en néo-bambocheuse prête à jeter son bonnet aux orties après l’avoir troqué contre un carré blond platine façon « garçonnes » et à s’envoyer en l’air en compagnie du premier don juan d’opérette venu. Sa prestation de bout en bout inénarrable, la vision itérative de Colette Darfeuil topless dans son bain et quelques jeux de mots laids distillés ça et là (« je l’ai rencontrée à la Saint-Médard, elle m’a plu quarante jours plus tard ») relèvent la sauce, mais la sauce n’en manque pas moins de liant : producteur et réalisateur du film tout à la fois, Maurice Cammage aurait peut-être dû en déléguer la mise en scène à un metteur en scène plus inspiré que lui (pas difficile), au hasard Pierre Colombier, Jean Boyer ou Yves Mirande. L’ensemble n’en reste pas moins distrayant. Un peu. Sans plus.


© Armel De Lorme / L’@ide-Mémoire, juin 2019. Toute reproduction même partielle interdite, sauf autorisation expresse écrite des auteur et éditeur.

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